Ecriregratuit.com

Ce site internet maintenant fermé a proposé pendant quelques mois l'envoi de cartes postales gratuitement : la saisie du message et du destinataire se faisait sur internet, la carte postale était imprimée, affranchie et déposée à La Poste où elle intégrait le circuit habituel.

Ce service était financé par la publicité et sans doute par la collecte d'adresses. Il existe deux modèles économiques sur internet de rémunération des bannières publicitaires : soit la facturation se fait par millier(s) d'affichages, soit par rapport au nombre de fois où les internautes ont cliqués sur la bannière. Ce dernier mode est actuellement le plus utilisé, il rapporte une somme de l'ordre de quelques dizaines de centimes d'euros par clic (sachant que le nombre de clic par rapport au nombre d'affichage est très réduit, de l'ordre de 1 pour des milliers). La solution utilisée par ce service était de forcer l'utilisateur à aller sur le site de l'annonceur pour pouvoir accéder au service gratuit. On peut penser que les annonceurs payait un prix supérieur à 0,50 euro pour que ce service puisse vivre, mais que le manque d'annonceurs à ce tarif a signé sa fin. Le même utilisateur pouvait expédier une carte toutes les quatre heures.

Un des premiers annonceurs était La Poste, ce qui donne un petit air officiel à ce service. Le site de La Poste présentait d'ailleurs un lien vers ecriregratuit.com.

La Poste propose et a proposé la possibilité d'envoyer du courrier depuis internet, mais le coût pour l'utilisateur est bien différent. Ce qu'on sait moins, c'est que La Poste a dans un premier temps fait appel à un prestataire de service privé, la société Kumotech, qui était justement derrière le site ecriregratuit.com !

Illustration de la carte postale, modèle vertical

Les cartes postales présentent un côté vue 1 avec une publicité pour ecriregratuit.com, le plus souvent en paysage et plus rarement en portrait. La publicité en couleur de l'annonceur est imprimée en haut à gauche côté face. Un numéro figure verticalement, il s'agit sans doute d'un numéro d'ordre, le nombre de cartes serait donc supérieur à 125 000.

Les affranchissements sont de 3 types.

Affranchissement par machine à affranchir, la plus évidente car elle ne nécessite pas l'opération de collage du timbre.

Affranchissement par le timbre "écureuil" à 0,41 euro 3 sur les cartes postales qui vantent la Boutique du Timbre de La Poste. À noter que ce timbre a été retiré le 12/4/2002 sans qu'un autre timbre au tarif de l'écopli ne le remplace immédiatement, mais il a continué à être utilisé après cette date. Il est peu vraisemblable que la société ait fait des stocks, il s'agirait donc d'un approvisionnement spécial auprès de l'annonceur qui avait tout intérêt à un affranchissement en "beaux timbres" cohérent avec sa démarche publicitaire. Il est possible que ce soit la combinaison la plus courante car c'est celle vers laquelle se sont tournée les philatélistes.

Affranchissement par TVP Marianne de Luquet autocollante. Vu le coût supplémentaire de cet affranchissement, ce cas doit être plus rare que les précédents.

Voilà donc un cas moderne de financement de l'affranchissement par la publicité, une pratique que l'on a connu au tournant des années 1900 (où une partie seulement de la faciale était gratuite) et qui concernait à l'époque les entiers et des carnets porte-timbre. Ces documents sont maintenant recherchés et parfaitement acceptés dans un cadre philatélique, il n'y a pas de raison de ne pas faire de même pour cet épisode moderne !

C'est aussi le seul cas où une Marianne est concernée dans un service "internet vers courrier", en effet les services payants de La Poste utilisent soit des affranchissements mécaniques ou informatiques (pour les professionnels), soit des documents (carte avec vignette, PAP) plus adaptés à une clientèle de philatélistes.

Dominique Stéphan (extrait du bulletin n°70 du 3ème trimestre 2005)